Bilan de la saison 2024
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Avec deux courses bouclées, de 300 et 500 milles respectivement, plus la qualif hors course de 1000 milles validée, on peut dire que cette saison a été fructueuse. Il est évident qu’avec 800 milles en course pour l’instant, je ne pèse pas lourd, mais je suis dans le timing pour la transat 2027.

arrivée de la qualif (photo Hervé Laurent)
Au-delà des milles cumulés au titre du règlement, c’est aussi de l’expérience acquise dont je suis content. J’ai passé pour la première fois le raz de Sein au mois d’avril, pour finalement le franchir cinq fois dans la saison.
J’ai découvert le froid mordant des nuits d’avril par vent de nord-est. La première moitié de la nuit, il fait encore bon et tu ne te lasses pas d’admirer les étoiles et ton sillage phosphorescent. En milieu de nuit, l’air se charge d’humidité et la température plonge. La doudoune d’hiver étant incompatible avec le ciré, tu grelottes en attendant que le soleil se lève. Je suis donc consciencieusement allé faire chauffer ma carte de crédit (j’ai soufflé dessus pour la faire refroidir) pour m’équiper de sous-couches fines mais très chauffantes qui vont sous le ciré.
Sur le plan technique, le dossier « énergie à bord » a pu être validé avec le remplacement des panneaux solaires et la pose d’un hydrogénérateur. C’est un grand classique qui a donné du fil à retordre à bien des skippers sur bien des courses. Système éprouvé pendant les huit jours de qualif.
La qualif, justement, c’est un cap important dans un projet mini. C’était la première fois que j’allais aussi loin, la première fois que je passais le rail d’Ouessant, la première fois que j’ai passé huit nuits en mer. Je suis arrivé dans un assez bon état.
Ce que je retiens de ces navigations, c’est la différence de perception d’une situation donnée, entre le moment où on y est, et par la suite quand on y repense. On passe du mode « le vent m’en veut personnellement », au mode « c’est quand qu’on y retourne ? »
Après avoir passé tant d’années à fixer l’horizon depuis le sentier côtier, maintenant j’ai vu comment c’est de l’autre côté! Le Pogo3 est un excellent petit bateau pour aller faire ça. Il est tolérant et son comportement m’inspire confiance. Quant aux sensations qu’il procure dès lors que le vent daigne souffler avec l’angle qui va bien, disons 120 degrés à 20 et quelques nœuds, elles justifient tout ce qu’on fait pour en arriver là.
Autrefois, l’eau minérale des monts d’Arrée était commercialisée par la marque « Isabelle ». Sur toutes les bouteilles figurait le slogan : gant Isabel, ny ello pell (avec Isabelle, nous irons loin). Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’est resté. Eh bien moi, je dis : gant Pogo3, ny ello pell.
Enfin, si cette saison 2024 a été réussie pour moi, c’est en grande partie grâce aux conseils de mon coach Hervé Laurent. Malheureusement, Hervé est décédé dans un accident à la fin de l’été. Outre ses compétences et l’expérience qu’il possédait après 40 ans à sillonner les mers, ce sont ses qualités humaines ainsi que l’esprit dans lequel il concevait la voile et la course – assez minoritaire dans le milieu – que j’ai beaucoup appréciés. Sa disparition est abrupte. J’ai eu la chance de le rencontrer et de faire cette partie-là du projet avec lui, et j’espère poursuivre en m’appuyant sur ce qu’il m’a appris et dans le même esprit.
Voici une vidéo en sa mémoire : https://www.dailymotion.com/video/x86cudx